« Je pars vivre au Japon » : toute à ma joie de ce projet, je t’ai à peine laissé le temps d’entrer que je te livre – sans préambule – l’information que je brûlais de te faire partager.
Son impact sur toi me dégrise d’un coup.
Ton visage s’est décomposé, tour à tour s’y bousculent peine et incrédulité.
Cette nouvelle, je te l’ai assénée sans précaution, ni douceur. J’ai alors honte de ma brutalité, honte de réaliser que j’ai fait fausse route en me croyant si peu nécessaire pour toi.
Pendant toutes ces années, j’ai cru notre amitié volatile, inconstante, portée par la conviction que tu vivais fondamentalement la présence de l’Autre comme une contrainte. Ton besoin affirmé de solitude, tes rares appels, le peu de moments partagés ensemble, tout dans ton fonctionnement me parlait de mise à distance volontaire. Aussi contraire qu’il soit au mode de relation que je souhaitais avec toi, je l’ai intégré comme tel, persuadée qu’il ne sert à rien de vouloir que nos relations soient différentes de ce qu’elles sont. Mais bien davantage qu’il nous faut consentir à ce qu’est l’Autre, prendre ce qu’il nous donne, et – surtout ! – respecter sa liberté.
Tu m’as dit un jour qu’entrer dans ma sphère, c’était s’exposer à être brûlé vif. J’ai alors ajusté ma distance de sécurité, ne t’ai jamais livré l’intime de ma vérité.
Dans la pièce, silence vitrifié.
Puis, tu dis simplement : « Je ne veux pas que tu partes », et tu sors, sans te retourner.
Le temps de coaguler, et je te livre au travers de ces quelques lignes la pulpe de ce qui me lie à toi, pour les heures où tu auras froid sans moi.
Magnifiquement écrit, et j’espère que ce « je pars vivre au Japon » n’est qu’une parabole nécessaire à ton écrit ! Olivier.
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Très beau texte, chapeau bas…… Sinon, tu y vas vraiment ?
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Très beau dans la forme et sur le fond
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Merci à vous de ce commentaire qui ensoleille mon début de semaine 🙂
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