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« Rien que du blanc à songer ».

Il neige ! Joie d’enfance. A à la fenêtre, rêve de verre. La blancheur du monde va droit au soleil du cœur.

Émiettement et cristallisation. Dehors, les flocons virevoltent de petites expériences métaphysiques : cristaux tous différents, figures combinatoires sans fin, à chaque fois changeants et nouveaux, ils sont l’Infini qui danse.

Le ciel s’éparpille, la neige voile le réel, et le calme suscité par l’effacement des signes et traces dont le paysage nous sature est une simplification qui porte en elle un apaisement, mais produit aussi une contemplation sans ennui. A travers le suspense de la chute des flocons – dont je guette et redoute tout autant l’issue ! – et le miracle de cette lente métamorphose, la neige renoue les fils de nos imaginaires avec ceux de notre capacité à nous émerveiller.

Une fois blanchi, le paysage deviendra son propre fantôme, mémoire dont on reconnaîtra vaguement les formes, mais sans plus en être certain. Nul ne pourra plus se fier aux apparences, tout sera dénaturé, et cette entreprise de déstabilisation implacable laissera place à une désorganisation dont les enfants ( de tous âges ! ) connaissent la joie folle : ski de fond sur les plages, luges dévalant à pleine vitesse les rues en pente des grandes villes, batailles de boules de neige entre inconnus aux arrêts de bus… le grand Carnaval blanc rend possible tous les renversements.

Bien sûr, bien sûr, loin de moi l’idée d’oublier que les rigueurs du froid exacerbent la douleur de ceux qui ne peuvent s’en protéger, mais je ne peux m’empêcher d’espérer que cette éphémère blancheur du monde crée – ne serait-ce qu’un temps- un lieu pur, dans lequel nul n’aura laissé d’empreinte ni sali l’espace si clair de nos joies intérieures.

Blanc sur noir. La suprématie de la lumière sur la couleur réveille l’âme, cristallise une intensité que j’accueille en moi dans un élan qui prend pourtant sa source dans l’immobilité à laquelle nous astreignent les chutes de neige, jusqu’à ce qu’elles s’arrêtent.

Dans ce hors temps, j’apprends à regarder passer ma vie, ouvrir une fenêtre sur ce que nos vies modernes occultent dans la palpitation effrénée de tous leurs instants : l’Éternité.

***

« Et toute la nuit, à notre insu, sous ce haut fait de plume, portant très haut vestige et charge d’âmes, les hautes villes de pierre ponce forées d’insectes lumineux n’avaient cessé de croître et d’exceller, dans l’oubli de leur poids. » Saint-John Perse, « Neiges » (1944), dans Exils, Poésie/Gallimard.

*« Rien que du blanc à songer » Extrait de la lettre de Gênes datée du 17 novembre 1878, d’Arthur Rimbaud.

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« Un bol, c’est une assiette amnésique. »

L’inspiration revient, j’ai exhumé mon matériel de dessin de la cave. Au fond d’une boîte, un Playmobil égaré. Il a perdu ses cheveux. Vieillir n’épargne personne. Lire la suite

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« Après toi, s’il en reste »

19 heures 30 – Comment ça « qu’est-ce qu’on mange pour le dîner ? » Mais, je les ai nourris hier.

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« Tu as un toucher magique »

Eté indien, en surplomb de la plaine. Debout, dans l’engobe du vent qui – en bas – pousse sa houle sur les champs. Lire la suite

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« Tu me fatigues »

Penchée sur la table à repasser, j’essuie d’une main distraite la vapeur qui me monte au visage, dans un geste las, maintes et maintes fois esquissé par d’antiques lignées de lavandières avant moi. Lire la suite

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« J’écoute voler les mouches »

Claquée, la porte sur la rue et le monde actif. Premier café, avalé dans la solitude bienheureuse d’un silence qui élargit tout ce qu’il recouvre. Lire la suite

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« Tout en moi a été accordé »

Après le temps du silence, celui du bégaiement. Lire la suite

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« J’aime bien comme il parle, on dirait de la poésie »

Mardi. Une faute d’orthographe, relevée sur une devanture de restaurant, est jetée en pâture aux internautes sur le profil d’un tenant auto-proclamé de l’orthodoxie grammaticale. Déferlement de railleries, si loin de la poésie avec laquelle tu t’exprimes depuis que tu es entré dans le langage. Lire la suite

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« On ne peut pas ne pas t’aimer »

L’éclipse solaire totale est passée, et la prochaine ne reviendra pas avant 2081. Je ne serai plus là. Lire la suite

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« Reviens quand tu es calmée. »

Overshoot Day. Jour du dépassement, arrachement intérieur.

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